Le Togo est-il un pays maudit par la politique ? Cette question, provocante en apparence, cache un mal profond qui mine les espoirs d’un peuple vibrant de talents mais constamment freiné par une gestion déconnectée des réalités culturelles.
Alors que des initiatives culturelles comme les All Music Awards, pourtant dédiées à célébrer la créativité togolaise, peinent à obtenir le moindre soutien financier, voilà que l’État — par le biais du Ministère des Sports et Loisirs — débloque 3.000.000 FCFA pour un événement sans impact social ou culturel notable. Une somme qui aurait pu relancer une véritable dynamique artistique ou renforcer des structures en quête de légitimité.
Le contraste est brutal : des trophées en bois, remis dans des cérémonies sous-financées, face à des subventions généreuses offertes à des événements politisés, sans ligne éditoriale, ni ambition claire. Le plus triste dans tout cela, c’est qu’au lieu de se remettre en question, certains défendent encore l’indéfendable.
Prenons le cas récent du jeune Dieudonné TV, un créateur de contenu numérique qui a osé participer à un événement par pur plaisir. En quelques heures, son action devient un sujet de récupération politique. L’affaire dégénère au point de transformer un moment anodin en feuilleton politique. Et pendant ce temps, les vrais enjeux culturels restent ignorés.
Comment un pays peut-il progresser lorsque l’on préfère valoriser le spectacle de façade au détriment du fond ? Quand des passionnés se battent seuls pour promouvoir l’image du Togo, il est temps que les autorités arrêtent de soutenir des initiatives creuses au nom de la politique spectacle.
La jeunesse togolaise mérite mieux. Elle a besoin d’espaces, de moyens, de reconnaissance réelle. Pas de promesses en l’air, ni de chèques distribués à la volée sans vision.
Tant que la politique primera sur le mérite, le Togo continuera de s’enliser. Et la culture, ce miroir de notre identité, continuera d’être sacrifiée sur l’autel de l’instrumentalisation.
