🎭 Toofan au Zénith : un concert maquillé, un échec révélateur

Un spectacle artificiel pour cacher un échec cuisant
Le concert des 20 ans du groupe Toofan au Zénith Paris-La Villette devait être un moment fort pour la musique togolaise. Au final, ce fut un show de façade, masquant une réalité bien plus préoccupante : un Zénith à moitié fermé par des rideaux noirs, une salle sonnant creux, et une mobilisation qui a tourné à la farce.
Comment expliquer que pour un événement d’une telle ampleur, ce sont plus de 200 amateurs et plus de 500 personnes et de bandes de soutien, qui ont été mobilisés juste pour donner l’illusion d’un concert réussi ? Pire encore, des artistes invités se sont déplacés à leurs propres frais, sans prise en charge par l’organisation. Une situation inimaginable pour un groupe célébrant 20 ans de carrière à l’international !
Une salle de 6 800 places… mais à peine 1 400 personnes réellement présentes
Le Zénith a une capacité de 6 800 places. Ce soir-là, la moitié arrière de la salle était cachée par des rideaux noirs, et les côtés également voilés. En vérité, c’est 1 400 à 1 600 personnes maximum qui ont assisté à ce concert. Et pourtant, le groupe Toofan n’était pas seul sur scène : une multitude d’artistes de renom les ont rejoints, dans une tentative désespérée de combler le vide.
Où est l’exploit quand Fally Ipupa, Ferre Gola ou Sidiki Diabaté remplissent des stades de 30 000 à 40 000 places sans renfort de dernière minute ? Où est la fierté quand la majorité du public est composée de figurants et de “supporters” recrutés pour faire du bruit dans le vide ?
Le vrai problème : le manque d’ambition et le système politique qui étouffe la culture
Ce concert n’est pas seulement l’échec d’un groupe. C’est le reflet d’un pays, le Togo, qui a perdu toute ambition. Un pays où la réussite est maquillée, mise en scène, gonflée artificiellement pour plaire à l’élite politique.
Toofan, faut-il le rappeler, est une création soutenue du système RPT/UNIR, comme d’autres visages médiatisés qui servent à distraire le peuple et à masquer l’absence de politique culturelle sérieuse. Pendant 20 ans, ce système a préféré promouvoir quelques têtes d’affiche plutôt que développer un véritable écosystème musical national, diversifié, ambitieux, enraciné dans la culture togolaise.
Les artistes togolais n’ont pas d’identité sonore claire. Nos sons sont calqués, copiés, sans âme locale. Et pendant que les Ivoiriens imposent le coupé-décalé, les Nigérians dominent l’afrobeats, et les Congolais continuent de faire vibrer le monde avec leur rumba, le Togo peine à se faire entendre.
Un peuple fatigué, appauvri… mais aussi psychologiquement brisé
Cette médiocrité culturelle est le reflet d’un peuple psychologiquement limité par un pouvoir qui l’a aplati. Le règne de Faure Gnassingbé, comme celui de ses prédécesseurs, a brisé l’élan de la jeunesse, le goût de l’excellence, le rêve de la grandeur. Le Togolais se contente du peu, accepte le minimum vital, se réfugie dans la modestie par peur d’échouer… ou d’oser.
Toofan n’est pas coupable à eux seuls. Ils sont les enfants d’un système qui fabrique des stars sans contenu, des concerts sans public, et des carrières sans profondeur.
Et maintenant ?
Il est urgent que les artistes togolais se réveillent, qu’ils cessent de viser petit, qu’ils se reconnectent à leur culture, qu’ils innovent, qu’ils osent. Il est urgent que le peuple togolais exige plus de ses icônes, de ses institutions, de lui-même.
La culture n’est pas un accessoire. Elle est un miroir de l’état d’une nation. Et aujourd’hui, ce miroir nous renvoie une image vide, superficielle, triste.
Le Togo mérite mieux. Et cela commence par dire les choses, sans détour.